Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à construire leurs applications selon le modèle cloud-natif pour accélérer le développement et tirer parti de la scalabilité et de la disponibilité du (multi-)cloud.
Il y a une dizaine d’années, toutes les applications ou presque étaient monolithiques. Imaginez des blocs volumineux composés de code extrêmement interdépendant. Une méthode de développement de solutions simple et robuste, mais aussi risquée, peu flexible et manquant d’efficacité. En effet :
- le dysfonctionnement d’un seul élément risque de mettre à mal l’application tout entière ;
- la moindre mise à jour peut nécessiter de tester, voire de recréer, tout le système ;
- les développeurs doivent attendre que les retardataires dans leurs équipes aient terminé leur travail avant de procéder au lancement ;
- les équipes sont limitées en termes de langage et de technologie.
L’architecture de microservices et le développement cloud-natif offrent une réponse à ces problèmes et bien d’autres encore. En ayant recours à une architecture de microservices, au lieu d’une seule solution, l’application est composée d’une multitude de petits modules en couplage faible (les microservices), ayant chacun leur fonction.
Par exemple, si vous avez créé une application de running, vous pouvez avoir un microservice pour l’inscription, un autre pour la messagerie, un autre encore pour afficher les scores, pour la planification Cron, pour les notifications, etc. au lieu de les gérer avec une seule application.
Séparer les modules et s’appuyer sur une architecture de microservices a fait beaucoup pour accélérer le développement logiciel et améliorer la flexibilité. Les développeurs peuvent bricoler autant qu’ils le souhaitent sur chaque module indépendamment, mettre le code à jour en continu, augmenter l’automatisation, utiliser différentes stacks technologiques, intégrer facilement de nouvelles technologies et créer un système plus résilient, qui ne peut pas être détruit en cas de malfonctionnement d’un élément isolé.
Une approche cloud-native ne fait pas que donner accès aux services de plus en plus spécifiques proposés par les fournisseurs cloud en nombre croissant. Elle permet aussi de les répartir entre différents fournisseurs, un premier pas vers l’adoption d’une stratégie multi-cloud.
D’après les prédictions, le marché des microservices devrait tripler entre 2020 et 2026. Et même si IDC a été un peu trop optimiste en affirmant que 90 % des applications s’appuieraient sur une architecture de microservices en 2022, nous sommes sur la bonne voie.
Le marché des microservices surfe sur la vague ininterrompue des avancées technologiques qui apportent de meilleures performances et une consommation des ressources optimisée. En effet, intégrer les toutes dernières solutions à une structure monolithique devient plus difficile et chronophage alors que l’adaptabilité des architectures de microservices favorise l’évolution des applications cloud-natives et répond adéquatement aux besoins des technologies modernes, pour un meilleur rapport coût-efficacité.
Qui plus est, si une architecture de microservices est correctement gérée, elle représentera une économie considérable pour les entreprises. Chaque module peut être automatiquement mis à l’échelle en fonction des baisses ou des hausses de trafic et indépendamment du reste du système. Cela permet aux équipes de développeurs de savoir quelles ressources employer et d’optimiser leur consommation de ressources cloud, et ce avec différents fournisseurs, favorisant ainsi une stratégie multi-cloud. Ainsi, en s’appuyant sur un fournisseur pour le stockage, un autre pour l’hébergement, un autre encore pour l’infrastructure, etc., une entreprise peut atteindre le rapport prix-performance optimal pour sa solution.
Les tendances à venir pour le marché des microservices
La popularité croissante des microservices devrait causer une évolution considérable dans les prochaines années. Voici trois tendances à surveiller dès 2022.
Les produits « ciment » auront la cote
Étant donnée la nature décentralisée d’une architecture de microservices, on peut s’attendre à voir les produits « ciment » gagner en popularité. Ces outils sont notamment conçus pour l’observabilité, le messaging et les files d’attente des différents microservices, mais aussi pour automatiser et simplifier certains processus de maintenance et de développement.
Les outils d’observabilité, nécessaires au suivi du bon fonctionnement d’une architecture de microservices, devraient gagner en performance et en traction, particulièrement en raison de la complexité du débogage. L’adoption du service mesh, une couche d’infrastructure favorisant la communication des microservices entre eux, devrait continuer dans sa lancée.
Le serverless facilitera la vie des développeurs
Le serverless nécessite de déployer de façon modulaire et ouvre ainsi la voie aux microservices. Or grâce aux technologies serverless, les développeurs peuvent confier aux fournisseurs cloud les tâches de routine à faible valeur ajoutée liées à la gestion des serveurs (provisionnement, mise à l’échelle, maintenance, etc.).
En automatisant la gestion des serveurs et en libérant leurs développeurs, les entreprises peuvent se concentrer sur l’essentiel : accélérer leur développement et optimiser leur mode de consommation des ressources. Pour cette raison, l’approche serverless devrait rapidement devenir le statu quo.
Les développeurs se mobiliseront en faveur des microservices
L’expérience ingénieur est un paramètre à prendre en compte. Or, l’architecture de microservices convient particulièrement aux développeurs pour plusieurs raisons.
En premier lieu, avec ce type d’architecture, les développeurs ont la responsabilité d’une partie du produit, au lieu de faire partie d’un tout sur lequel ils n’ont aucun contrôle. Deuxièmement, ils ont plus de marge pour résoudre des problèmes spécifiques car ils disposent de plus d’options en termes de technologies, une plus grande indépendance vis-à-vis du reste de l’application et la possibilité d’expérimenter sans risques. Troisièmement, et ce n’est pas à prendre à la légère, les microservices sont très en vogue. Avoir accès à de nouvelles technologies est motivant et bon pour le développement professionnel d’un développeur.
Enfin, comme avec serverless, plus d’automatisation signifie moins de temps passé sur des tâches de routine.
Passer aux microservices : ce que cela signifie pour votre organisation
Adopter une architecture de microservices n’est pas chose facile. Plus votre application monolithique sera volumineuse, plus la migration sera ardue.
Ceci dit, ce type de transition ne s’opère pas tout d’un bloc, c’est un processus à effectuer sur le long terme en découplant les modules petit à petit. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les équipes, qui devront être remaniées en fonction du nouveau mode de travail.
En effet, les responsabilités ne seront plus partagées comme avec le modèle monolithique. Chaque service d’une architecture de microservices nécessitera une attention particulière, et donc une équipe dédiée. Pour garantir l’indépendance des équipes respectives, il faudra faire monter les employés existants en compétences ou recruter selon les besoins de chaque équipe pour qu’elles soient capables d’assurer le nécessaire en interne : le développement, la gestion, les tests et l’administration.
De plus, pour une transition réussie, l’adoption d’une architecture de microservices doit être pilotée par une équipe hautement qualifiée. Même si une architecture de microservices signifie une plus grande flexibilité en termes de stack technologique, les équipes ne doivent pas pour autant tomber dans l’anarchie, ce qui risquerait de compliquer d’éventuelles passations. En bref, l’adoption d’une architecture de microservices n’est pas un projet à prendre à la légère.
Conclusion
Il y a quelques années, l’architecture microservices était une technologie d’avant-garde. Aujourd’hui, c’est une approche bien établie, en passe de devenir l’architecture d’applications par défaut.