Surmonter les défis de la mesure de l'impact environnemental du cloud

Chez Scaleway, la durabilité est au cœur de nos préoccupations. Nous avons donc développé une environmental footprint calculator unique en son genre, conçue pour offrir à nos utilisateurs une vue claire et complète de leur impact environnemental lié à l’utilisation de nos produits. Cet outil, basé sur des données multicritères, mesure non seulement les émissions de carbone (scopes 1, 2 et 3), mais aussi la consommation énergétique par machine et par client, ainsi que la consommation d’eau.

En intégrant une méthodologie robuste telle que celle définie par le PCR Cloud de l’ADEME, la calculatrice propose des estimations transparentes et fiables, à la fois au moment de la commande et dans des rapports mensuels détaillés. L’objectif est simple : permettre à nos utilisateurs de prendre des décisions éclairées et d’optimiser leurs infrastructures pour réduire leur empreinte environnementale, tout en soutenant la transition vers un numérique plus responsable.

Une méthodologie détaillée et complète est essentielle pour garantir la fiabilité des données d’impact environnemental et les rendre exploitables dans les choix d’infrastructure. En fournissant une vue précise et multicritères nous permettons aux entreprises de comprendre l’empreinte écologique complète de leurs opérations. Ces données, transparentes et alignées sur des standards reconnus, servent de base solide pour comparer différentes options, identifier les leviers d’amélioration, et prendre des décisions éclairées. Ainsi, une méthodologie rigoureuse ne se limite pas à mesurer l’impact : elle devient un véritable outil stratégique pour réduire efficacement son empreinte tout en soutenant une transition numérique plus responsable.

Pourtant, ce parcours n’a pas été sans embûches. Mesurer précisément l'empreinte environnementale, en particulier le scope 3 (qui englobe l'impact indirect des fournisseurs et des produits achetés), est un défi complexe.

La collecte de données Scope 3 : un défi de taille

Le scope 3 représente l'impact environnemental des fournisseurs et des équipements que nous utilisons. Cette catégorie est souvent la plus difficile à évaluer, car elle dépend de la qualité et de la disponibilité des données fournies par les équipementiers et autres partenaires. Elle n’en est pas moins indispensable. En effet, en tant que fournisseur Cloud, le scope 3 représente plus de 80% de l'empreinte carbone de nos services. Ignorer cette catégorie reviendrait à passer à côté d'une part substantielle de notre empreinte globale, ce qui rend notre engagement dans sa mesure d'autant plus crucial pour un suivi complet et pertinent de l'impact environnemental.

Chez Scaleway, nous avons une grande diversité d’équipements hardware provenant de multiples fournisseurs, dont certains ont une durée de vie qui dépasse les 10 ans. Nous pratiquons également un recyclage intensif, en réutilisant des composants pour les intégrer dans d’autres serveurs, ce qui prolonge la durée de vie de notre matériel. Cependant, cette démarche ajoute une complexité supplémentaire dans le calcul précis de l'impact environnemental de nos serveurs, en raison de la traçabilité et de l'hétérogénéité des équipements utilisés. La collecte de données précises d'impact pour ces machines, en particulier les plus anciennes, s'est avérée difficile. En effet, certains de nos équipementiers ne disposaient pas de données d'impact suffisamment détaillées, ou celles-ci n’étaient pas toujours disponibles pour les équipements plus anciens.

Après s'être heurté à de multiples obstacle dans la récolte des données, nous avons finalement fait le choix de capitaliser sur le travaille mené par Boavizta, qui a développé des modèles d'impact basés sur des facteurs d'émission et l'analyse de cycle de vie (ACV) moyenne de ces équipements. Cela nous a permis de garantir des estimations plus robustes, bien qu'une certaine incertitude persiste. Il est important de préciser que notre méthodologie reste évolutive, et nous sommes prêts à intégrer les données de nos fournisseurs dès qu'elles seront disponibles afin d'affiner nos calculs et garantir une précision encore plus grande.

Un autre défi majeur concernait nos serveurs d'infrastructure utilisés pour les outils internes. Le manque de données complètes et automatisables sur ces serveurs, telles que leurs spécifications (CPU, RAM, etc.), rendait difficile l'évaluation de leur impact environnemental lié à la fabrication. Il s’agit cette fois-ci d’une difficulté liée à notre organisation interne. Pour pallier ce problème, nous avons mis en place une méthode de collecte progressive des données, en automatisant autant que possible la récupération des spécifications matérielles. En parallèle, nous avons appliqué des coefficients d'impact génériques basés sur des spécifications types pour les serveurs dont les données n'étaient pas disponibles.

La fabrication des datacenters : l'incertitude des facteurs d’émission

L'impact environnemental lié à la fabrication des datacenters est un point particulièrement délicat. En l'absence de données spécifiques sur la fabrication de chaque centre de données, nous avons dû nous appuyer sur des estimations basées sur des facteurs d'émission génériques fournis par l'ADEME. Cependant, le taux d'incertitude sur ces estimations reste relativement élevé.

Nous avons choisi de documenter précisément cette incertitude dans notre méthodologie, tout en intégrant les meilleures estimations disponibles. L'utilisation de facteurs d'émission par m² fournis par l'ADEME nous permet de calculer une empreinte carbone par rapport à la taille de nos infrastructures, bien que nous continuions à travailler sur l'amélioration de la précision des données à mesure que de nouvelles informations deviennent disponibles.

L'impact non-IT : des questions méthodologiques complexes

Les impacts non-IT (bureaux, déplacements, etc.) représentent une part plus indirecte de notre empreinte environnementale, mais ils sont néanmoins cruciaux à mesurer. Nous avons dû définir comment et à quelle fréquence mettre à jour ces données : faut-il se baser sur des moyennes annuelles, des données mensuelles ou choisir une autre approche ?
Nous avons opté pour une mise à jour annuelle des données non-IT afin d'offrir une vue d'ensemble cohérente et comparable pour nos utilisateurs. Cette décision nous permet de gommer la saisonnalité et de maintenir un bon équilibre entre précision et praticité dans le cadre de la surveillance continue de notre empreinte globale.

Un processus en constante évolution

Mesurer l'impact environnemental de manière précise et exhaustive est un défi complexe, particulièrement en ce qui concerne le scope 3. Toutefois, grâce à notre engagement pour la transparence et l'amélioration continue de nos méthodes, nous sommes en mesure de fournir à nos utilisateurs des informations fiables pour les aider à réduire leur empreinte carbone. Notre collaboration avec des experts et notre participation à des groupes de travail comme celui dédié au PCR de l'ADEME renforcent notre capacité à innover dans ce domaine crucial.

Nous poursuivons notre mission d'optimisation et restons à l’écoute des retours de nos utilisateurs pour continuer à affiner nos outils et méthodes de calcul.

Pour en savoir davantage sur notre environmental footprint calculator, c'est par ici ; et pour un peu plus de contexte, consultez notre dernière présentation sur le sujet, de Green IO Paris 2024, ici!

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